Hier soir, vers 1h00 du mat', lassé de regarder des familles en pleures se déchirer sur tf1, lassé aussi de me faire claquer la tronche sur nba2k7 par mon cousin (pudique), je me force a regarder l'émission de Fogiel, au nom toujours plus ringard "T'empêches tout le monde de dormir". Avant toutes choses, cette émission ne m'a pas empêché de dormir mais elle m'a fait faire d'horrible cauchemars ou mon père préférait se fesait hari kiri plutôt que de subir la peine de mort par coups de bâtons dans une forêt au cœur de la Colombie.
Un des grands principes des émissions tardives et abrutissantes consiste à inviter un acteur ou une actrice porno, en l'occurrence une jolie brune un peu gothique qui ne tourne plus depuis 1999 et sa participation à la création du film "Baises-moi". A l'instar d'Ovidie qui tourne sur les plateaux sporadiquement depuis plusieurs années, cette femme écrit sur sa profession et raconte sa vie dans ce milieu dans un livre et c'est pour ça qu'elle se retrouve chez fogiel. La pauvre, si elle garde un bon souvenir de ses tournages X, son passage a "TTMD" va faire office de premier viol. J'ai retrouvé son nom grâce au titre de son bouquin: "la voie humide" http://fievres.wordpress.com/2008/01/09 ... e-vauvert/
car elle ne figurait pas sur la liste des invités disponible en ligne sur le site de l'émission...
D'abord le lancement, un bref reportage avec un maximum d'images X floutées, le témoignage de deux trois actrices qui affirment qu'il est très difficile de quitter cette étiquette "star du porno", puis à nouveau un maximum d'images, et un dernier retour sur les affranchies du sexe, type Ovidie ou Brigitte Lahaye qui sort à la radio "faut assumer, si on a un grand nez on assume si on mouille beaucoup on assume aussi". Après donc 35seconde de lourdeur et de montage vicieux, retour sur le plateau.
On comprend vite ou fogiel veut en venir, le livre à la main, c'est lui qui fait les questions et les réponses. Son but est de faire un procès, sans avocat, même pas d'office, à cette pauvre femme, qu'il invite pour mieux la répudier. Car si on invite quelqu'un sur un plateau pour profiter de son image, rien n'empêche de lui chier dessus, d'autant plus que l'émission est en direct. Un direct d'ailleurs bien loin de la spontanéité de l'émission " Ce soir ou jamais" de TAddei, ou les gens discutent librement. Non ici Fogiel joue le rôle du flic qui à trop peur de voir cette liberté "live" se transformer en quelque chose d'agréable. Il doit sans cesse couper la parole pour tenir les images qu'il nous fournit par la force de la présence.
Débute l'interview:
Fogièl ouvre en disant qu'elle à une vie très compliquée (ce qu'il dit pour tous ces invités). Il bafouille un truc incompréhensible :
"
"Votre père était Hell's Angel's [pronnoncé Aile-angelle] , gang de motard, il gagnait sa vie en jouant au poker en cascadeur
Ouverture donc sur le néant, tant on a du mal à voir la cohérence des propos de l'animateur. Que veux dire "jouer au poker en cascadeur"? Bref, le but est de montrer que l'écrivaine à eu une enfance difficile. Tout du long, Fogièl va multiplier les jugements de valeurs négatifs et afficher son ignorance sur à peu près tout les sujets qu'il va aborder: "drogue", "sida", "milieu toxicomane", "accro au sex".
Le principe de la fogiellade, car cette figure rhétorique existe, réside dans cette manipulation simple du langage:
-On invite l'invité à parler d'un sujet décrété "hot" (décrété simplement grâce à un regard à un autre invité, ou une intonation particulière dans la voix)
-Dès que l'invitée répond ce que l'animateur dominant attendait, il la coupe et émet un jugement négatif sur ce sujet prétendant soit qu'elle abuse, soit qu'elle aborde un sujet qu'il ne faut pas aborder
-Dès lors l'invitée se défend en invoquant a juste titre la question posée
-L'animateur conclue toujours en brandissant le livre:"c'est vous qui l'écrivez"
Un exemple très clair (retransmission partielle des propos, je trouverais les vidéo plus tard pour un relevé scientifique et exacte":
Fogiele aborde la question des scènes avec des acteurs "hard king size": "Vous les refusez?"
L'actrice dit que oui et commence à expliquer pourquoi, après une expérience, plutôt agréable d'ailleurs, elle avait souffert de séquelles et avait été obligée d'arrêter deux semaines.
Fogiel s'outre alors qu'elle aborde aussi froidement ses questions que pourtant il soulève. Il invite l'autre à se livrer et dès qu'il le fait il lui tombe dessus.
Toute l'interview se passe comme cela. Fogiel cherche en plus dans une autre invitée, chanteuse d'opera, une alliée "bonnes mœurs" qui s'outrerait en cœur. Manque de pot Natalie Dessay s'intéresse vraiment aux propos de l'écrivaine présente. Raté. Deux ou trois réflexions sur la mère de l'ancienne actrice qui doit avoir du mal à avoir une fille pareille pour reprendre l'ascendant.
Il attaque encore sur le milieu qu'elle fréquente, elle le définit elle même comme "alternatif punk-rock" (genre l'usine en gros).A ces mots, fogiel éclate de rire invitant tout le publique à faire de même. "c'est très marqué par la drogue?". Coralie se défend très bien, comme à chaque fois, dans le petit laps de temps qui lui est laissé, prétendant que oui, ya de la drogue, mais que ce n'est absolument pas obligatoire (pas moins qu'a M6 j'imagine).
Après avoir aborder un peu tout ces sujets "hot", s'étant largement foutue de la gueule de l'invitée. Il convient de lui donner le coup de grâce. Fogiel commence par balayer l'ensemble de ses premières accusation:
"franchement, tout ce que vous dites dans votre livre, ça me choque pas, je m'en fou, je m'en fou, la double pénétration par exemple [rires du public]je l'aborderais même pas."
Et là, soucieux de donner un peu d'épaisseur à une interview qu'il vient lui-même de disqualifier, il prend un air sérieux:
"Le sexe sans capote, ça franchement vous pouvez pas!"
Là, les invités sont obligés d'être d'accord, on déconne pas avec le sida. Sur de lui Fogiel attaque sans répis, coupe allègrement les explications de l'ex-actrice, en l'invitant à s'excuser et à ne plus le faire. La parole de l'animateur fait office de jugement, elle accapare l'espace au point que l'on ne comprend plus rien de ce qui est dit. Il prête facilement aux porno des vertus éducatives et que ce milieu devrait être irréprochable, oubliant ainsi facilement la piètre qualité de ses émissions et le rôle désinformatif qu'elles arborent volontiers.
Pour conclure il faut résumé les choses ainsi: Ces émissions tournent sur des sujets racoleurs, mais il est aussi essentiel qu'elles s'en détachent. Le fait que le nom de l'invitée "hot" ne figure pas sur la liste web relève bien cette ambigüité. Je n'ai pas abordé la question de l'humoriste pas drôle estanpillé "jamel comédie club" qui participe en grande pompe au viol en direct a coup de réflexions sur la zoophilie ou sur la taille des sexes. Coralie Trinh Thi est une personne intelligente mais qui s'est complètement gourée de plateau, transformant sa promo en véritable pugilat anti-tout-ce-que-fogiel-n'aime-pas. Il est impossible de demander à une telle émission, à un tel présentateur, qu'ils la considère autrement que le pire qu'ils pourront tirer d'elle.Elle aurait mieux fait de se relire avant de se pointer là-bas... Les propos tirés de son livre qui suivent sont simplement prémonitoire, et penser que fogiel allait échapper à la règles est très naif:
http://fievres.wordpress.com/2008/01/09 ... e-vauvert/«Les mass media sont des produits de consommation, ils racontent des histoires et créent des personnages, pour vendre de la peur et de la haine.
Mais on appelle cela: l’information. Leur seul but est de générer de l’argent par le jeu des taux d’audience télévisuelle, des publicités, du nombre d’abonnés… Montée de l’insécurité, sectes, drogues, jeux vidéo, tournantes :tout est bon. Chaque année la montagne tue, la mer tue, la piscine tue (!), autant de déclinaisons possibles d’une simplissime évidence : la vie tue. Est-il possible que personne ne leur ait dit cela ? Dans le meilleur des cas, on blame la simple paresse intellectuelle du journaliste qui fait son travail, et non un métier et qui doit rendre un sujet accrocheur dans l’urgence, pour recevoir un salaire. Tristement humain. Dans la majorité des cas, il s’agit de malhonnêteté intellectuelle avérée. La peur fait vendre. Mais on asservit la masse par la peur, et les médias collaborent avec un zèle abject. Le porno pervertit la jeunesse, dégrade l’image de la femme, incite au viol et provoque les tournantes… Tous ces journalistes engagés dans une mission, chiens du censeur et du fasciste, du pitoyable branleur au dangereux manipulateur, qui osent dénoncer la pornographie comme le pire des maux de notre société, ils me donnaient des envies de massacre »]