EN ATTENDANT LA NUIT...

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yann-shayo
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EN ATTENDANT LA NUIT...

Post by yann-shayo » Thu May 14, 2009 10:50 am

<B>FACTORY NIGHT!</B><BR><BR>---<BR><BR>en guise d'introduction à la <B>factory night!</B> qui aura lieu à l'<B>usine </B>le 23 mai, et parce que j'ai vraiment beaucoup de temps à perdre, je me fends d'un petit essai sur l'ancienne et la nouvelle vague froide. je n'ai pas voulu pondre un historique de plus sur le label <B>factory</B>, sur <B>joy division </B>et encore moins sur <B>ian curtis</B>. non. je voulais plutôt me pencher sur l'influence du chanteur, de son groupe, et de son label lors des trente dernières années. une bonne occasion pour (re)sortir plein de bons disques.<BR><BR>j'ai choisi les faits plutôt que la fiction, même si la légende fait partie de l'histoire de ce groupe. mes sources : livres, documentaires, articles de journaux musicaux spécialisés, et bien sûr internet. il se peut toutefois qu'une erreur ou deux se soient glissées dans ce texte, libre à vous d'apporter corrections, annotations, commentaires (constructifs si possible). pour finir, j'ajouterais que, comme les puristes du <B>bauhaus</B> ou encore les écrivains <B>elfriede jelinek</B> et <B>hans-magnus enzensberger</B>, je choisi la modernité d'écrire tout en minuscule (ceci pour la forme, pour le fond, vous remarquerez assez rapidement que mon style est, par contre, loin d'être celui d'un écrivain...) <BR><BR>---<BR><BR>"<B>la plus belle destinée : avoir du génie et être obscur.</B>" - <B>jules barbey d'aurevilly</B><BR><BR>"<B>mais si seulement tu pouvais voir la beauté, ces choses que je ne pourrais jamais décrire. le plaisir d'une distraction futile; voilà mon unique et merveilleuse récompense. isolation. isolation. isolation...</B>" - <B>ian curtis</B><BR><BR>---<BR><BR>en septembre 1980, quelques mois après le suicide de <B>ian curtis</B> - la voix et l'âme de <B>joy division</B> -, <B>bono </B>(<B>u2</B>) rend visite à <B>tony wilson</B>, l'un des directeurs artistiques du label indépendant <B>factory records</B>, à <B>manchester</B>. <B>bono </B>était là pendant l'enregistrement de "<B>love will tear us apart</B>", il a pu rencontrer <B>ian curtis</B>, lui parler. il est sous influence. il déclare à <B>wilson </B>que le monde a besoin d'un nouveau <B>ian curtis</B>, et qu'il est prêt pour ce rôle. d'ailleurs le premier simple de <B>u2 </B>"<B>11 o'clock tick tock</B>" n'a t'il pas été produit en mai 1980 par <B>martin hannett</B>, producteur attitré de <B>joy division</B> ? <BR><BR>mais le culte autour du groupe de <B>manchester </B>devient vite une ombre pesante sur toutes les nouvelles formations post-punk qui suivent de près, ou de loin, sa trace. et <B>bono </B>sera parmi les premiers à le comprendre. en août de la même année son groupe entre en studio pour enregistrer le premier extrait de leur album à venir "<B>boy</B>" : "<B>a day without me</B>" est un (honnête) hommage à <B>ian curtis</B>, il est pourtant produit par <B>steve lillywhite</B> - <B>u2 </B>évite ainsi l'amalgame avec<B> joy division</B>. <BR><BR><B>bono </B>ne veut pas être le numéro 1bis. non. il veut être numéro un. tout court. et <B>u2 </B>de s'envoler peu après vers la gloire...<BR><BR>mais tous n'ont pas cette chance, ainsi <B>section 25</B>, <B>the names</B>, <B>crispy ambulance</B>, <B>the wake </B>ou encore <B>tunnelvision</B>, tous sur le label <B>factory</B>, sont accusés par la presse musicale d'être de très pâles copies de <B>joy division</B> (parfois vrai...), et d'être ainsi sans aucun intérêt (ce qui est faux).<BR><BR><B>simon topping</B>, ami de <B>ian curtis </B>et chanteur du groupe a certain ratio - souvent décrit comme les principaux concurrents de <B>joy division</B> en 1979/80 - ne supportant plus les comparaisons ira jusqu'à démissionner progressivement de son rôle de chanteur dans le groupe. <B>joy division</B> est devenu un mythe. mais un mythe intouchable. alors que la presse et les fans glorifient la froideur de <B>joy division</B>, on reproche à ses anciens membres - devenus <B>new order </B>- leur rigueur et leur sérieux ! agacé, le groupe s'en ira enregistrer "<B>everything gone's green</B>", un titre presque "groovy", préfigurant deux ans en avance un certain "<B>blue monday</B>". mais ceci est une autre histoire.<BR><BR>pendant la première moitié des années 80, la musique (et parfois l'esthétique) de <B>joy division</B> va influencer, à différents degrés, des groupes tels que <B>death in june</B>, <B>the cure</B>, <B>red lorry yellow lorry</B>, <B>in the nursery</B>, <B>echo & the bunnymen</B>, les italiens <B>diaframma</B>, les danois <B>de ma vaere belgiere</B>, les belges <B>siglo xx</B> et certains groupes français dont <B>marc seberg</B>. <BR><BR>bon nombre de groupes vont aussi rendre hommage à <B>ian curtis</B>, à commencer par <B>new order</B>, qui rêgle ainsi ses comptes avec celui qui les lachés en pleine ascension vers le succès. ainsi en réponse aux graffitis "<B>i.c.a.</B>" (pour<B> ian curtis alive</B>) qui fleurissent sur les mur de <B>manchester</B>, le groupe compose "<B>i.c.b.</B>" (<B>ian curtis buried</B>). d'autres titres font allusion à <B>ian curtis</B>, c'est que le traumatisme est important. les plaies encore vive. "<B>the him</B>" et "<B>dreams never end</B>", sorti comme "<B>i.c.b.</B>" sur leur premier album "<B>movement</B>" (1981) sont là pour en témoigner. moins cathartique, et plus touchant, l'hommage du guitariste <B>vini reilly</B> et son projet <B>the durutti column</B>, lui aussi sur <B>factory</B>, avec le titre "<B>the missing boy</B>" (1981) : "<B>there was a boy, i almost knew him, a glance exchanged, made me feel good, leaving some signs, now a legend</B>". tout est dit. merci <B>vini</B>.<BR><BR>ayant partagé le même label en 1979, ainsi que le même graphiste de génie (<B>peter saville</B>), le groupe électro-pop de <B>liverpool orchestral manoeuvres in the dark</B> ne démentira jamais l'influence de <B>joy division</B> sur les albums "<B>organisation</B>" et particulièrement sur "<B>architecture and morality</B>". le texte de "<B>statues</B>" (1981) est un hommage caché à <B>ian curtis</B> ("<B>the way you moved, I can't explain, the mood subsides, and grows again</B>") d'ailleurs la monumentalité et la froideur même de ce titre renvoient directement à la face B ainsi qu'à la pochette même de "<B>closer</B>", le second album de <B>joy division</B>. <BR><BR>autre compagnon de route à lui rendre hommage : <B>genesis p.orridge</B>. ainsi en pleine période acid-house (on pourrait imaginer le pire...), il réalise l'excellent (comme quoi...) "<B>i.c. water</B>" (1990) avec son groupe <B>psychic tv</B> ; une légende vivante, rend hommage à une légende décédée dix ans plus tôt ... la mélodie est ici empruntée à "<B>atmosphere</B>" de<B> joy division</B>. le regard passionné (possédé?) de <B>curtis </B>se retrouve sur le montage de la pochette. c'est ce même <B>curtis </B>que l'auditeur peut deviner au début d'"<B>i.c. water</B>", dissertant sur le <B>velvet underground</B>, l'un de ses groupe favori aux côtés de <B>kraftwerk</B>, <B>iggy pop</B> ou encore <B>throbbing gristle</B>, le groupe légendaire de <B>genesis p.orridge</B> à la fin des années 70s. <B>ian curtis</B> a été très impressionné par <B>throbbing gristle</B>. et plus spécialement l'album "<B>d.o.a. - the third and final report of tg</B>" paru en 1978, qui contient le titre "<B>weeping</B>". c'est cette même "chanson" que <B>curtis </B>susurrera à <B>genesis </B>au téléphone le soir du 17 mai 1980, soit la veille de son suicide. <BR><BR>dans un registre un peu plus "accidentel", on peut citer le cas du groupe <B>dead can dance</B> (très influencé par <B>joy division </B>à ses débuts en 1984) et son très beau titre "<B>the carnival is over</B>" (1993). en effet on y retrouve la phrase "<B>the procession moves on, the shouting is over</B>" qui ouvre le morceau "<B>the eternal</B>", sur "<B>closer</B>". <BR><BR>plus concrètement, le groupe de <B>ian curtis</B> a fait l'objet de reprises très nombreuses, pour n'en citer que quelques unes et parmi les meilleures : <B>smashing pumpkins </B>avec "<B>isolation</B>" (sous le nom de <B>starchildren</B>, la meilleure reprise, dans le style de leur album "<B>adore</B>", grandiose), <B>swans </B>et <B>josé gonzales</B> (en live uniquement) pour des versions convaincantes de l'immense "<B>love will tear us apart</B>", <B>galaxie 500</B> avec "<B>ceremony</B>" (géniale version shoagaze), "t<B>he eternal</B>" par <B>grant lee-philips</B> (version folk style <B>josé gonzales</B> justement - très réussi!), et pour finir cette (petite mais exhaustive liste) <B>low </B>avec un langoureux et fascinant "<B>transmission</B>". <BR><BR>ne se limitant pas à la reprise, mais plutôt à un certain mimétisme, il faut aussi aborder le cas du groupe australien <B>ikon</B>. fondé au début des années 90, son premier album "<B>shadows of the angel</B>" (1994) préfigure (presque) <B>interpol</B>, <B>editors </B>et autres <B>white lies</B>, mais ne bénéficie pas de la production massive de ces derniers, à son grand malheur. tout au plus le groupe s'inscrit pour un moment dans la lignée gothique des <B>sisters of mercy</B>, <B>red lorry yellow lorry</B> et autres <B>rosetta stone</B>. d'ailleurs <B>ikon </B>va persister dans ce genre, s'y enfermer, et perdre ainsi rapidement toute crédibilité. on serait tenté de dire dommage. en effet les australiens sont responsables d'excellentes reprises : "<B>fall apart</B>" de <B>death in june</B>, "<B>ceremony</B>" et "<B>in a lonely place</B>" les deux titres post-<B>joy division</B> de <B>new order</B>, et un "<B>shadowplay</B>" bouleversant, que j'aurais d'ailleurs volontiers préféré à celui des <B>killers </B>à la fin du biopic sur la vie et la mort de <B>ian curtis</B> : "<B>control</B>".<BR><BR>les années 90s font office de traversée du désert pour le genre "cold-wave". on lui préfère (et c'est bien normal) la pop à tendance shoegaze, mais aussi la brit-pop (aïe) ou encore le grunge (outch). les premiers événements qui ramènent <B>joy division</B> en mémoire sont le décès de <B>martin hannett</B> en 1991, puis la pénible faillite du label <B>factory </B>fin 1992. même le mouvement gothique qui avait pourtant donné naissance à de nombreuses formations <I>à la</I> <B>joy division</B>, délaisse le groupe et se tourne vers l'électro, ou encore le métal... <BR>heureusement deux groupes majeurs des années 90s vont souffler sur les cendres du groupe de ian curtis, et rallumer la flamme. d'abord <B>nine inch nails</B> qui reprend "<B>dead souls</B>". puis un groupe trop vite rangé dans la corbeille (à linge sale) de la brit-pop : <B>radiohead</B>. en effet lorsque le groupe anglais dévoile en 1993 son classement favori de disques et chansons pour le magazine <B>sounds </B>on retrouve avec un certain plaisir "<B>unknown pleasures</B>", le premier album de <B>joy division</B>, ainsi que la chanson "<B>atmosphere</B>", cette dramatique ballade où la production de <B>martin hannett</B> qui rappelle tant le "wall of sound" de <B>phil spector</B>. plus de dix ans plus tard, <B>radiohead </B>vont se rappeler une fois de plus que <B>joy division</B> compte énormément pour eux en reprenant "<B>ceremony</B>" lors d'une session studio.<BR><BR>et si finalement <B>joy division</B> a été quelque peu marginalisé pendant les années 90, c'est un beau retour de manivelle qui s'opère vers 2002. alors qu'on n'y croyait plus, l'influence post-punk fait son grand retour dans le rock. souvent hybride, celui-ci s'essaie à toutes les sauces. <B>bloc party</B>, <B>interpol</B>, <B>editors</B>, <B>white lies</B>, <B>killers</B>, <B>diego</B>, <B>love of diagrams</B>, <B>bravery</B>, <B>!!!</B>, <B>lcd soundsystem</B>, <B>the faint</B>, etc. ils sont légions à se réclamer de <B>public image limited</B>, <B>the cure</B>, <B>wire</B>, <B>siouxsie and the banshees</B>, <B>gang of four</B>, ... et bien sûr : <B>joy division</B>. <BR><BR>le groupe profite aussi de ré-édition deluxe de ces deux albums et de la compilation de raretés "<B>still</B>". puis des films : "<B>24 hours party people</B>" (drôlissime) et "<B>control</B>" (tragique et filmé avec soin - et d'une belle esthétique - par <B>anton corbijn</B> qui avait pris le groupe en photo en 1979 déjà). des documentaires aussi : "<B>under review</B>" (peu médiatisé, mais très bon), "<B>shadowplayers</B>" et ses 2 heures d'entretien éclairant un peu les ombres des premières années de <B>factory</B>, et finalement le dernier en date : "<B>joy division</B>" (classieux).<BR><BR>les livres ne sont pas en reste. au lieu d'une (trop) longue liste, je me pencherais simplement sur "<B>fotoreportage23</B>" de <B>katja rudge</B>. la photographe allemande est allée à la recherche des lieux ayant un lien avec <B>joy division</B>. il en ressort 23 photographies tout en sobriété. mais plus que les lieux, <B>katja rudge</B> est aussi allée interroger les témoins de cette époque, ainsi que des artistes d'aujourd'hui. on retrouve donc pêle-mêle les annotations personnelles et les portraits de : <B>genesis p.orridge</B>, <B>karl bartos</B> (<B>kraftwerk</B>), du groupe <B>mogwai</B>, de <B>josé gonzáles</B>, <B>johnny marr</B> (<B>the smiths</B>), <B>marc moulin </B>et <B>nouvelle vague</B>, <B>annik honoré</B>, <B>anthony howard wilson</B>, etc. parmi les messages les plus touchant, on notera celui-ci d'<B>anja huwe</B>, chanteuse du groupe <B>x-mal deutschland</B> actif sur <B>4ad</B> dans les années 80s : "<B>as a band, joy division opened a door to many of us. as a singer, ian curtis was part of this very special circle of individuals with strong egos, a longing, a gift that that only a few artists have : that driving force called passion.</B>"<BR><BR>pouvait on finir sur un plus bel hommage... <BR><BR><B>yann courtiau</B><BR><BR><BR>pendant la rédaction de cet article j'ai écouté des chansons ou des albums de :<BR><BR>a certain ratio : "flight"<BR>cocteau twins : garlands<BR>the durutti column : "the missing boy" et "never known"<BR>echo and the bunnymen : "all my colours"<BR>the cure : faith<BR>new order : movement<BR>glorious din : closely watched trains<BR>interpol : "pioneer to the falls"<BR>and also the trees : et aussi les arbres<BR>the chameleons : "tears"<BR>tuxedomoon : "l'étranger"<BR>orchestral manoeuvres in the dark : architecture and morality<BR>16 horsrpower : "day of the lords"<BR>dead can dance : into the labyrinth<BR>the nau ensemble : the eternal, variations on joy division<BR>low : "transmission"<BR>psychic tv : "i.c. water"<BR><BR>et bien sûr joy division ...<BR><BR>

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